#1 — On ne sait pas ce qu’on a avant de l’avoir perdu

Pour commencer ce calendrier de l’avent des samples en douceur et en beauté, qui mieux que celle qui traversa le millénaire en collaborant ou en inspirant des artistes aussi variés que Frank Sinatra, Leonard Cohen, Neil Young, Led Zeppelin, Crosby, Still Nash & Young, Dolly Parton, Joe Dassin, Seal, Prince, Charles Mingus, Keith Jarrett, George MichælBob Dylan, Jeff Buckley, Eurythmics, Slash, Björk, Jacob Collier, James Blake, Peter Gabriel, Manu Catché, Billy Idol, Roger Waters, Jaco Pastorius, Wayne Shorter, Herbie Hancock, Diana Krall, Brad Meldhau, Nana Mouskouri, Aphex Twin, Tori Amos ou Courtney Love?
Si vous n’avez aucune idée, courez regarder le documentaire consacré à Joni Mitchell:

Joni Mitchell était aussi connue pour utiliser une grande diversité d’accordage de guitare (plus d’une cinquantaine!). Son titre “Big yellow taxi”, qui alerte dès 1970 de la destruction écologique de la planète —soit deux ans avant le rapport Meadows, se joue sur une guitare accordée en EADGBE. So if you don’t know, now you know. 

Parmi les artistes inspirées par Mitchell absentes de la liste ci-dessus, il en est une qui utilisa à merveille un extrait de “Big Yellow Taxi” dans un titre sorti en septembre 1997 …

Les paroles de cette chanson, interprétée en duo avec Q-Tip du groupe “A Tribe Called Quest”, évoquent le regret d’un amour perdu — et coïncidemment, écrites par Janet Jackson alors qu’elle subit des violences  de la part de son conjoint de l’époque.

Joni Mitchell était plutôt connue pour refuser les droits lors de demande de sample, mais Janet Jackson l’appela personnellement et lui demanda d’écouter la chanson avant de donner sa réponse. Contre toute attente, Joni Mitchell répondra favorablement. En l’occurrence, le succès de la chanson de Janet Jackson rapportera un certain bénéfice en royalties à Mitchell. Mais peut-être faut-il lire une autre raison à son accord pour l’utilisation de ce sample tiré du refrain de “Big Yellow Taxi”.

Un peu plutôt en avril de cette même année 1997, Joni Mitchell revoyait pour la première fois sa fille, dont elle avait accouché en 1965 quand elle n’avait que 21 ans. Étant déjà une musicienne sur la route et sans argent, elle avait confié son enfant à l’adoption, considérant qu’elle ne pourrait pas en prendre soin. Joni Mitchell garda cette histoire secrète pendant près de trente ans, bien que les paroles de certaines de ses chansons montrent qu’elle ne l’avait jamais oubliée, telles ces lignes dans “Little Green” sortie en 1971:

Born with the moon in Cancer
Choose her a name she will answer to …
Call her green for the children that have made her …
Child with a child pretending
Weary of lies you are sending home
So you sign all the papers in the family name
You’re sad and you’re sorry, but you’re not ashamed.
Little green, have a happy ending

ou encore dans la chanson “Chinese Café” sortie en 1982 :

Your kids are coming up straight
My child’s a stranger
I bore her / But I could not raise her.

La coïncidence entre les retrouvailles de Joni Mitchell avec sa fille et le sample mise en boucle par Janet Jackson comme une petite ritournelle entêtante donne à ce refrain de “Big Yellow Taxi”  encore une autre résonance:

N’en est-il pas toujours ainsi
que l’on ignore ce que l’on a
tant qu’on ne l’a pas perdu ?
 

La suite demain à cette adresse!

Author: Vincent

Independant R&D engineer and artist, crafting digital instruments for audio/visual live performances, installations and interactive applications. I post some of my works and news on this site.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *