#13 — Lost and founds

James Bullough Lansing. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais si vous êtes un tantinet audiophiles, vous en connaissez sûrement les initiales: JBL.

Né en 1902 dans un trou paumé de l’Illinois, James Martini (de son vrai nom) bricole dès son adolescence des bouteilles de Leyde “pour faire des blagues à ses potes”, ainsi que des postes à galène suffisamment puissants pour que la Marine de Chicago repère ses ondes radio et viennent démanteler son matériel. Un geek, un vrai. Sa mère rejoint les morts le jour de leur fête, et James alors âgé de 22 ans part pour Salt Lake City. Il y rencontre son épouse et son futur associé Ken Decker, puis déménage à Los Angeles, et change son nom de “Martini” en “Lansing”. On ne sait pas trop pourquoi… “parce que ça sonnait mieux pour une marque de Hi-Fi” prétendront certains. D’autres auraient pu dire que porter un nom italien dans l’Illinois du début du XXe siècle ne facilitait pas toujours les affaires, mais ils parlaient plus bas. Et on ne les a jamais retrouvés.

James créé donc sa première boite à 25 ans à L.A., la Lansing Manufacturing Company, rachetée en 1941 par Altec pour devenir Altec Lansing, et dont il partira après la fin de la guerre pour créer JBL. Les bons bricoleurs n’étant pas toujours bons en affaires, James Bullough Lansing se suicidera en 1949 à la suite de problèmes personnels et financiers. Mais l’entreprise lui survécu et entrepris diverses collaborations avec l’industrie musicale. Des amplis de guitares de Léo Fender, à la prestation sono pour de nombreux festivals, en passant par le “Wall of Sound” des Grateful Dead, JBL produira également un certain nombre d’enregistrements, en particulier pour tester et faire écouter la qualité de ses enceintes. C’est le cas de l’enregistrement ci-dessous, un quadruple vinyle contenant tout à la fois des sons de test, diverses explications fournies sur des questions de rendu sonore, mais aussi des enregistrements d’une session de répétition des musiciens de Hoyt Axton, un acteur et chanteur de blues-rock qui connut plus de succès outre-atlantique que chez nous, mais que vous avez peut-être vu dans les Gremlins, il y joue le père de famille.

À la 51’28” minute, on entend le pianiste Dave Jackson jouer un riff pendant quelques secondes. Juste un truc essayé comme ça, pour s’entendre avec les autres musiciens sur la mesure dont on est en train de parler à ce moment là — un de ces moments fugaces où se créée une chanson, mais qui est tout de suite interrompu par des discussions et qui finira dans les oubliettes de ce disque de test audio…

Dans les oubliettes?

C’est ce sample apparemment insignifiant qu’ira dénichera Norman Cook, aka Fatboy Slim, DJ qui voue un tel culte au vinyle que c’est sa collection qu’il met en photo sur la pochette de son album. Il rajoutera sur ce riff de piano une ligne de chant, celui de Camille Yarbrough dans “Take Yo’ Praise“, autre trésor oublié de musique soul, qui ne produisit qu’un album, en 1975: “The Iron Pot Cooker“.

L’album assez avant-gardiste pour l’époque et n’a pas pris une ride, mais cela n’empêcha pas Camille Yarbrough de tomber dans un certain oubli… jusqu’à ce que le “Praise You” de Fatboy Slim envahisse l’espace hertzien de la dernière année du second millénaire.

Le clip de “Praise You“, filmé anonymement devant un ciné de L.A. par Roman Coppola est signé Spike Jonze, et c’est bien lui qu’on voit ici déguisé en chorégraphe amateur emmener son “Torrance community danse group” dans une farandole en flash-mob, dont on ne sait s’il s’agit d’une répétition de danse moderne ou d’une thérapie de groupe …  gonna party like it’s 1999.

La suite demain à cette adresse!


Sources

Author: Vincent

Independant R&D engineer and artist, crafting digital instruments for audio/visual live performances, installations and interactive applications. I post some of my works and news on this site.

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