#17 — Piano hero

On classe souvent le compositeur Michael Nyman aux côtés de Steve Reich et Philip Glass, parmi les minimalistes. Comme il parait que Nyman, également musicologue, serait le premier à avoir employé ce terme dans le domaine de la musique, on lui laissera le soin de se coller lui-même, ou non, une telle étiquette. C’est la moindre des politesses.

Il partage au moins avec Glass un intérêt pour la musique de film, mais il a encore davantage écrit pour le cinéma que son collègue, en particulier pour les films de Peter Greenaway, avec qui il collabore à six reprises, composant notamment ce “Fish Beach” utilisé dans deux de ses films (hello again Jay-Jay!).

Nyman est également l’auteur de la partition de “La leçon de Piano” de Jane Campion, toute première palme d’or décernée à un film réalisé par une femme (encore qu’elle aurait pu dire “me too”, l’ayant gagnée ex-aequo avec le réalisateur Chen Kaige). Le film fait carton plein à tous les festivals: on récompense sa réalisation, son interprétation, ses décors, ses costumes et sa musique, dont la BO se vendra plutôt bien, contribuant à faire connaître Nyman à un plus large public que le club select des fans Greenaway. On y trouve notamment ce “Little Impulse” suspendu au dessus du temps — un thème qui vous reste dans la tête autant qu’il s’avère compliqué de  le chanter pour l’en faire sortir, agissant ainsi, par infusion sous-cutanée.

De leur double album fleuve “Ombre est lumière” et de ses 38 titres, la plupart du public n’en retient qu’un: “Je danse le mia” (enfin le remix, pas l’original), tube imparable qui deviendra rapidement le classique qu’on sait, connu de toutes les générations.  Durant l’été 1994, le Mia est LA chanson que les radios matraquent à tout bout de chant, à tel point que le groupe en fera une overdose et ne la jouera plus pendant plusieurs années. Aussi, quand IAM est invité aux victoires de la musique en 1995, le groupe décide de prendre le contrepied de ce qu’on attend d’eux et de pisser froid sur les violons de Nyman avec “Le sachet blanc”, un réquisitoire en solo de Shurik’n contre l’héroïne et ses ravages dans la ville.

La suite demain à cette adresse!


Sources

Author: Vincent

Independant R&D engineer and artist, crafting digital instruments for audio/visual live performances, installations and interactive applications. I post some of my works and news on this site.