#3 – L’enfer, c’est (encore) eux

Parmi les groupes qui eurent un succès aussi retentissant qu’éphémère, on peut compter sur eux, “Them”, dont l’histoire commence en 1964 avec un certain Van Morisson au chant. Le groupe ne durera vraiment que deux ans, jusqu’au départ dudit Morrison, mais non sans avoir préalablement mis le feu avec quelques titres, dont le plus célèbre reste sans doute “Gloria” , tube entêtant au texte sulfureux. Un autre Morrison aurait tellement aimé écrire cette chanson qu’il l’a d’ailleurs fréquemment chantée avec son groupe, afin de pouvoir la faire durer en live jusqu’à son paroxysme, parce que tout comme le Van, il aimait bien faire ça lui aussi, le Jim.

Deux années pour deux albums au titres efficaces “The Angry Young Them” en 1965 (connu plus simplement sous le nom: “Them”), puis “Them Again” en 1966. Difficile de faire plus concis. C’est sur ce second opus qu’on trouve le titre: “I Can Only Give You Everything”, tout aussi sulfureux pour l’époque:

… ainsi qu’une reprise de James Brown:”Out of Sight”,  avant que le chanteur à la chevelure de feu ne disparaisse de la vue des autres membres du groupe pour faire cavalier seul.

Et quand on met ces deux morceaux dans un shaker californien au milieu des années 1990, assaisonnés de blips électroniques pour rectifier le pH, on obtient ça:

Une belle prise de Beck, avec “Devil’s haircut” sorti en 1996 sur l’album Odelay, dans lequel il déploie tout son talent de chef en cette époque où la cuisine du sampling est à la mode du remix tutti-frutti. Chaque piste est un assemblage plus ou moins savant, plus ou moins foutraque d’extraits en tous genres de l’industrie du disque.

Son texte semble tout droit sorti d’une séance de cut-up chez Burroughs ou du rapport consigné d’un rêve sous champis hallucinogènes, voire des deux. Mais en filigrane se dessine une description aussi cynique que perspicace de la décadence matérialiste de la société américaine, ce qui donne lieu à une série d’images surréalistes telles que:

Heads are hanging from the garbage man trees

… qui fait probablement référence au lynchage des noirs pendant la ségrégation décrit dans la chanson “Strange fruit” de Billie Holiday, mais le clip vidéo (réalisé par Mark Romanek, déjà à l’œuvre dans le clip de Janet Jackson dont je parlais avant hier) nous montre à ce moment des têtes de paraboles accrochées à un pylône métallique.

La Bible, la pop-culture, la poésie ou l’attaché-case…  le diable fait feu de tout bois, comme Beck, qui pioche dans sa discothèque et contresigne le pacte de Robert Johnson, pour dépeindre méphisto en Rayban et sapé de Prada, faisant le guet au coin de chaque rue et danser le pauvre à coups de pistolet.

La suite demain à cette adresse!

Author: Vincent

Independant R&D engineer and artist, crafting digital instruments for audio/visual live performances, installations and interactive applications. I post some of my works and news on this site.

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