He walks away, the sun goes down
He takes the day, but I’m grown
And in your way, in this blue shade
My tears dry on their own
Les paroles d’Amy Winehouse, en équilibre précaire sur un fil tendu entre résilience et solitude, se drapent en deux couleurs: le monde extérieur, malgré son décor chamarré, est assombri d’un voile bleu, tandis que l’intérieur de sa chambre de motel est baignée de la lumière dorée du soleil tombant. Le feu intérieur et le froid du dehors, de l’or et des bleus.
On retrouve cette bichromie sur la pochette du single “Ain’t no mountain high enough“, dont le titre d’Amy Winehouse reprend l’instrumentale. Tammy Terrell partage un certain nombre de traits communs avec Amy Winehouse, dont le fait d’avoir commencé très jeune une vie musicale tourmentée, interrompue tout aussi jeune — Amy à 27 ans, Tammy à 24.
Elle a fait un petit nombre de duos avec Marvin Gaye, dont cette chanson d’amour sortie en 1967, qui parle du soutien mutuel que peuvent s’apporter deux personnes qui s’aiment. Moins d’un an après leur rencontre, Tammy s’effondre sur scène dans les bras de son partenaire, on lui diagnostique une tumeur cérébrale. Elle subira plusieurs opérations, qui la laisse aveugle et en fauteuil roulant, avant de décéder deux ans plus tard. Marvin Gaye en fit une dépression dont il ne se remit jamais entièrement.
Les rôles sont donc ici presque inversés et David Lachappelle qui réalise le clip d’Amy Winehouse, nous en glisse quelques indices jusqu’à l’habiller alternativement du blue-shade de Tammi Terrell, puis du noir du costume de Marvin Gaye et sa pointe de rouge qui dépasse, quand lui, avec la distance, aurait surement entendu:
She walks away, the sun goes down
She takes the day, but I’m grown
And in your way, in this blue shade
My tears dry on their own
