01 — Il était une fois dans l’Afrique de l’ouest

Une des musiques de film les plus iconiques est sans doute la BO du film de Sergio Leone “Il buono, il brutto, il cattivo” (c’est tellement plus chic en italien) et son fameux riff de flûte-façon-sifflet-de-train-à-vapeur.  Le thème d’Ennio Morricone, joué tantôt à la flûte, à l’ocarina, à la voix ou bien sifflée, selon les personnages qu’elle introduit, aurait apparemment été inspirée par le hurlement d’un coyote. J’ai un peu de mal à le croire.

Personnellement, ce sifflement m’a toujours évoqué celui d’une locomotive à vapeur, mais c’est peut-être parce que je n’ai guère croisé de coyotes dans ma vie, alors que le sifflement du Mastrou, petit train à vapeur qui relie Tournon à Lamastre, rythmait les journées de mon enfance, quand j’étais chez ma grand-mère ardéchoise. On pouvait même jouer aux indiens en posant son oreille sur la partie désaffectée de cette ligne, qui reliait naguère Le Cheylard et la vallée de l’Eyrieu. Le Haut-Vivarais a d’ailleurs conservé quelques airs de décor de western, avec son train à vapeur, ses gorges du Doux en guise de canyon et ses stations d’essence abandonnées par des années d’exode rural. Bref, pour moi, c’est le sifflet d’un train qu’on entend chez Morricone. Et puis à ce que je sache, on n’a encore jamais vu un coyote jouer de la flûte à bec.

Qu’il soit à voix ou à vapeur, on retrouve ce leitmotiv samplé ou cité dans des centaines de musiques, de Eminem à Michael Jackson, de Cameo à John Zorn, de Kylie Minogue à Hans Zimmer (dans une version polka de Madagascar), et jusqu’à l’inénarrable Klaus Wunderlich. Mais une des reprises les plus intéressantes que j’ai pu entendre vient du far-west africain.

Sur le morceau Cantelowes, le koriste malien Toumani Diabaté, qui nous a malheureusement quitté pour rejoindre le cœur de la lune le 19 juillet dernier, ne se limite pas au clin d’œil à Morricone. Il joue les quelques notes du thème puis se sert de ce motif pour développer des variations complètes mandingues, dans lesquelles la liberté de ses mains donne l’impression d’entendre plusieurs musiciens jouer en même temps.

Au passage, je dois reconnaitre à mon grand dam, que le titre Cantelowes semble accréditer la thèse coyote, en s’apparentant davantage à une traduction de “chant du loup” dans une langue qui m’est inconnue (ainsi qu’à google), qu’à une traduction de “locomotive à vapeur”. Les visages pales peuvent prendre le Mastrou tranquilles… mais gare au mois d’avril, car comme on dit en pays Ardéchois: En Abrièu lo cocut dèu chantar mòrt o vièu — le coucou doit chanter mort ou vif.

La suite demain!

Author: Vincent

Independant R&D engineer and artist, crafting digital instruments for audio/visual live performances, installations and interactive applications. I post some of my works and news on this site.