Quand Claude Lelouch réalise “Un homme et une femme” en 1966, il ne s’attend probablement pas à la pluie de récompenses qu’aura son film: Palme d’or et prix du jury catho à Cannes, deux Oscars, deux Golden Globes et le BAFTA pour Anouk Aimée… Il ne s’imagine peut-être pas non plus que ce sera le premier épisode d’une trilogie, peut-être la plus longue de l’histoire du cinéma. Avec “Un homme et une femme : Vingt ans déjà” en 1986, puis “Les Plus Belles Années d’une vie” en 2019, le couple Anouk Aimée / Jean-Louis Trintignant, se retrouve à trois âges de la vie, avec 56 ans d’écart entre le premier et le dernier volet. Même George Lucas n’a pas réussi à suivre Harrison Ford aussi longtemps (ou pas encore du moins).
Francis Lai signe la musique de ces trois films et n’aura que ses yeux (et ceux du public) pour pleurer l’absence de récompense de cette BO mémorable. Le jury des Golden Globes et des Oscars, en rupture de stock de mouchoirs, lui lâcheront le prix de la meilleure musique originale quatre ans plus tard pour la BO de Love Story d’Arthur Hiller, conscients qu’ils ont quand même un peu raté le coche sur le film de Lelouch avec ce thème chanté par Nicole Croisille et Pierre Barouh:
S’il vous reste encore quelques larmes, il vous faut aller d’urgence faire contrôler votre cœur chez un marbrier. Voilà une version orchestrale dans laquelle les cordes finiront de vous nouer les tripes. Bien fait pour vous.
Vous sentez maintenant une légère dépression arriver par le quart nord-ouest, qui remonte le long de la côte du Cotentin et s’accompagne d’un crachin normand qui humidifie le pourtour de vos yeux. Vous vous sentez peut-être nostalgique de choses que vous n’avez même pas vécues, et c’est bien normal, on vous donne l’explication ci-dessous…
On appelle ça “la maladie suédoise”, pour les médecins le “seasonnal affective disorder“, ou “SAD”, ça ne s’invente pas. C’est un phénomène dépressif naturel en cette période de l’année où l’on ne voit le soleil que quelques heures par jour, et à travers un brouillard qui rend toute chose blafarde et l’humeur cafarde. Le suédois Jay-Jay Johanson en sait quelque chose, le soleil se couche à 15:30 dans son bled et ne fait même pas l’effort de se lever si vous habitez plus au nord. Le mystérieux clip à l’esthétique surannée de son titre “It hurts me so” a probablement été tourné en plein été, mais couvrez-vous quand même d’un plaid, car le carré de soie sur la tête et lunettes de soleil à l’italienne ne suffiront pas, vous pourriez attraper froid. Je n’ai pas trouvé le nom du réalisateur; si quelqu’un le connait, qu’il s’exprime en commentaire ou se taise à jamais.
Pour se réchauffer un peu le cœur et soigner son SAD, certains médecins conseilleront la luminothérapie. On peut aussi profiter d’un braséro à l’angle d’une rue de Brooklyn. C’est Nas qui paie ses marrons chauds et nous raconte sa vie de fœtus.