Independant R&D engineer and artist, crafting digital instruments for audio/visual live performances, installations and interactive applications. I post some of my works and news on this site.
L’été dernier, mon pote Ollivier nous faisait écouter ce titre dans la voiture. Je regardais la route, toute en virages, et n’ai donc pas pu voir sa tête, mais je le soupçonne fortement d’avoir scruté le moment où j’écarquillerais les yeux, à l’écoute d’un passage dont le sample est tellement flagrant qu’il en parait presque incongru, a posteriori, dans le morceau original.
OK, certain·e·s reconnaitront aussi un sample dès les premières secondes, mais nous savons tous que ce n’est pas ce dont il est question…
J’ai découvert Tom Waits en 1993, peu de temps après la sortie de “Bone Machine”, chez Raymond et Anne-Marie, les parents de mon pote Tonio. J’avais 12 ans et je n’étais pas prêt. Mais leur en suis infiniment reconnaissant.
Cela ne ressemblait à absolument rien de ce que je connaissais jusqu’alors, ni à rien de ce qui passait sur les radios pour ados de la bande FM, qui représentaient alors l’essentiel de ce que je découvrais en musique. Une pochette de disque grand-guignol avec un visage de fou-à-lier surgissant de nulle part, des percussions hypnotiques sur des bouts de rebuts, une guitare qui sent la rouille, une basse distendue (Les Claypool here), un Chamberlain poussiéreux et puis, comme provenant du fond de la vieille grange abandonnée de la rust-belt américaine d’où ce vacarme semblait gronder, la voix de Tom Waits, éructant sa rocaille, relatant des faits-divers sordides sur un ton de fossoyeur perfide, ou proférant tel un ivrogne des prophéties de fin du monde, visionnaire comme un estropié solaire. Les tubes de Nirvana, qui passaient pour les titres les plus sales et sulfureux de mes radios d’ado, devenaient soudainement des comptines de chérubins.
Après “The Black Rider” en 1993, Tom Waits fera une longue pause de six années sans album studio et changera de crèmerie pour passer de Island Records à ANTI-, le tout nouveau label d’Epitaph. Quand sort finalement “Mule Variations” en 1999, je me souviens m’être précipité pour l’écouter. On y trouve notamment ce “Eyeball Kid”, contant l’histoire d’un enfant monstrueux embauché dans une foire aux freaks par un manageur crapuleux, et dénonçant les affres du show-business à grand coup d’images glauques et un régal de répliques sans égal:
I know you can’t speak, I know you can’t sign
So cry right here on the dotted line.
Le kid en question, déjà mentionné dans la chanson “Such a scream” sur l’album Bone Machine, serait né un 7 décembre 1949, comme Waits, toute coïncidence n’étant pas fortuite.
Comme souvent dans les musiques de Waits, il y a plein de bruits bizarres en arrière-plan sonore. (Il s’amuse d’ailleurs de ce boucan de bric-à-brac dans le titre “What’s He Building?” sur ce même album). Auriez-vous déjà entendu ces étranges cris rauques qui rythment Eyeball Kid?
Dans le paysage de la musique folk américaine, on ne peut passer à côté de la figure d’Alan Lomax, musicien, musicologue folkloriste et collecteur insatiable de musiques américaines, ayant notamment promu des musiciens tels que Robert Johnson, Woody Guthrie ou Pete Seeger. Il commence dès son plus jeune âge sur les pas de son père John Lomax, lui-même musicologue (ainsi que sa sœur Bess Lomax et son frère John Lomax Jr., c’est une affaire de famille) et pionnier dans le collectage des musiques traditionnelles aux USA auprès de la prestigieuse bibliothèque du Congrès.
Alan Lomax enregistrera un nombre considérable de chants de la communauté afro-américaine, jusque dans les prisons et les champs de coton —contribuant ainsi à une meilleure reconnaissance de la culture afro-américaine, dans un pays encore sujet à la ségrégation raciale. Parmi ses nombreux enregistrements, on trouve ceux-là, extraits du catalogue “Sounds from the South”:
Ces voix sont tellement iconiques que les musiques les ayant samplées seront sans doute identifiées dès les premières secondes, pour celles et ceux qui écoutaient la radio ou la TV à l’aube de l’an 2000.
Les années 60 marquent le sommet des Trente Glorieuses et sont un répertoire inépuisable de musiques dansantes et légères, dans lesquelles puiseront gaiement les groupes des trente années suivantes pour chanter la crise et la dépression. On trouve par exemple cette chanson: “Let the Four Winds Blow”, co-écrite par Dave Bartholomew et Antoine “Fats” Domino et d’abord enregistrée par Bartholomew en 1955.
Elle fut également enregistrée par son comparse, quelques années plus tard en 1961, avec déjà un shuffle rythmique plus prononcé:
Ce petit shuffle dut rapidement tomber dans l’oreille de l’un des commerciaux de la Pickwick Records, un de ces labels de musique affiliés à de grandes chaines de magasins, pillant les tubes d’artistes auteurs et inondant le marché d’albums low-cost, en faisant souvent ré-enregistrer ces tubes par des musiciens de studio anonymes, et en les vendant sous de faux noms de groupe. Lou Reed y travaillera d’ailleurs un temps à ses début en tant qu’auteur-compositeur anonyme.
C’est ainsi que dès l’année suivante, ce “Let the Four Winds Blow” devient “Yes she knows” interprété par un certain “Tuby Chess and his candy stripe twisters“, ou bien par “Tuby Chess & orchestra“, à moins que ce ne soit par “George Torres And The Twisters” (pour le public latino, vraisemblablement). On pourrait croire à des noms de groupe et des pochettes d’album générés par IA, mais non, on est toujours en 1961 et le business n’a pas 60 ans à attendre. Ne cherchez donc pas la bio de George Torres ou Tubby Chess; ils n’existent qu’en pochette (je n’ai même pas réussi à trouver les noms des musiciens qui jouent sur ces enregistrements). Et au vu de la pochette, on en déduira que même le graphiste était payé au lance-pierre.
C’est justement cet ersatz plutôt que l’original qui sera samplé, probablement à dessein, par un groupe venant chanter la désillusion des années 1990.
Parmi les groupes qui eurent un succès aussi retentissant qu’éphémère, on peut compter sur eux, “Them”, dont l’histoire commence en 1964 avec un certain Van Morisson au chant. Le groupe ne durera vraiment que deux ans, jusqu’au départ dudit Morrison, mais non sans avoir préalablement mis le feu avec quelques titres, dont le plus célèbre reste sans doute “Gloria” , tube entêtant au texte sulfureux. Un autre Morrison aurait tellement aimé écrire cette chanson qu’il l’a d’ailleurs fréquemment chantée avec son groupe, afin de pouvoir la faire durer en live jusqu’à son paroxysme, parce que tout comme le Van, il aimait bien faire ça lui aussi, le Jim.
Deux années pour deux albums au titres efficaces “The Angry Young Them” en 1965 (connu plus simplement sous le nom: “Them”), puis “Them Again” en 1966. Difficile de faire plus concis. C’est sur ce second opus qu’on trouve le titre: “I Can Only Give You Everything”, tout aussi sulfureux pour l’époque:
… ainsi qu’une reprise de James Brown:”Out of Sight”, avant que le chanteur à la chevelure de feu ne disparaisse de la vue des autres membres du groupe pour faire cavalier seul.
Et quand on met ces deux morceaux dans un shaker californien au milieu des années 1990, assaisonnés de blips électroniques pour rectifier le pH, on obtient ça:
En 1975, Gérard Lenorman sort ce titre “La Belle et la Bête”, inspiré du conte éponyme et dont les paroles commencent avec ces lignes :
C’est vrai que je suis né d’accouplements immondes Entre une veuve noire et un crapaud Toi ta mère est blonde
Et ton père te couvre de cadeaux Autre monde autres façons La belle et la bête c’est un conte de fées Qui te distrayait quand tu lisais tes illustrés
Mais ce texte possède une signification particulière pour Gérard Lenorman, né en 1945 dans un lieu tenu par des religieuses accueillant des “filles mères” (la sienne avait 16 ans au moment de sa naissance) et de père “inconnu”. Il n’apprendra qu’en 1980, à 35 ans et cinq ans après avoir publié cette chanson, que son père était un soldat allemand, qui s’est enfuit à la fin de la guerre. Les contes ne sont peut-être pas tant des histoires pour enfants que des histoires d’enfants. Mais l’écoute de ce titre vous évoquera probablement autre chose encore, comme un déjà vu…
Joni Mitchell était aussi connue pour utiliser une grande diversité d’accordage de guitare (plus d’une cinquantaine!). Son titre “Big yellow taxi”, qui alerte dès 1970 de la destruction écologique de la planète —soit deux ans avant le rapport Meadows, se joue sur une guitare accordée en EADGBE. So if you don’t know, now you know.
Parmi les artistes inspirées par Mitchell absentes de la liste ci-dessus, il en est une qui utilisa à merveille un extrait de “Big Yellow Taxi” dans un titre sorti en septembre 1997 …
Data sonification could be an effective tool for neuroscience research, complementing data visualization. Recent advances in brain imaging have made it possible to record the activity of tens of thousands of mammalian neurons simultaneously in real time. The spatial and temporal dynamics of neuron activation can be translated into sound triggering, according to the functional groups to which these neurons belong.
We have developed a software to load such datasets as binary matrices and translate them into MIDI messages, triggering notes whose velocity is a function of neuronal activity. In order to process this vast quantity of data — several tens of thousands of neurons over several tens of thousands of samples — the software enables neurons to be associated in sub-groups, such as those proposed in common atlases, or in an arbitrary manner. The same interface can also be used to sonify continuous data sets from electroencephalography (EEG) recordings of human brain activity.
This software, developed with Max, can be used as a stand-alone program, but can also be loaded directly as a plugin into the Ableton Live digital audio workstation. This makes it easy to get to grips with the software, enabling you to test different mappings between neural activity data and musical values: which chords, which harmonic progressions, which orchestration, etc. translate the neural activity data set in the most interesting way from the point of view of their scientific understanding and/or musical aesthetics.
J’aurai le plaisir de jouer une version solo de FIB_R samedi 14 septembre 2024 à Penvénan (Côtes-d’Armor) et d’animer une table ronde sur les lutheries numériques durant le festival “Marées Max” organisé par le Logellou.
Le programme complet des concerts, ateliers, tables rondes : c’est ici!