Lorsqu’en 1998 j’ai acheté l’album “Psyence Fiction” de U.N.K.L.E., le projet à géométrie variable de James Lavelle, fondateur du label Mo’Wax , j’ai eu droit à une série limitée contenant un EP bonus avec deux titres, dont ce remix de Portishead : “If You Find The Earth Boring (Portishead Plays U.N.K.L.E. Mix)“.
Un titre vaporeux, qui avait été enregistré en 1995, un an après “Dummy“, et sur lequel Geoff Barrow articule son scratching sur des nappes cosmiques de pseudo-theremin et une partie de batterie comme il sait les produire. Il est bientôt rejoint par la guitare chevrotante d’Adrian Utley, déjà très grinçante et annonciatrice de la sonorité crue et sans fard du chef d’œuvre éponyme que Portishead allait sortir en 1997, délaissant les réconfortantes rondeurs qu’on pouvait entendre sur “Dummy“.
Le morceau de Portishead est présenté comme un remix d’un morceau de U.N.K.L.E., et il existe effectivement un morceau nommé “If You Find the Earth Boring“, paru en 1995 sur un EP nommé “The Time Has Come“… sauf qu’il est assez différent musicalement, au point qu’on se demande s’il s’agit vraiment du même morceau que son supposé remix.
Celui-là est une curieuse session d’une quinzaine de minutes, qui contient notamment des samples du Dr Timothy Leary, le gourou des psychotropes de la beat, en particulier cette phrase qui donne son titre à l’E.P. d’U.N.K.L.E.: “the time has come … to go out of your mind“.
Elle est issue du film/docu/speech de Leary : “Turn On, Tune In, Drop Out” réalisé en 1966, qui propose à tout le monde de s’en remettre au LSD et au sitar indien pour mieux connaitre le cosmos et soi-même, et d’arrêter définitivement d’écrire en suivant des lignes horizontales.
On trouve encore une autre version de ce morceau de U.N.K.L.E., nommée cette fois “The time has come“, qui est ici en collaboration avec Masayuki Kudo et Toshio Nakanishi, qui forment le duo “Major Force Orchestra”. Elle parait dès 1994 sur une fameuse compilation de la Mo’Wax “Headz — a soundtrack of experimental beathead jams”
La question est la suivante: d’où viennent ces différentes versions, dont le matériau psychédélique semble issu des morceaux d’un même miroir brisé et recollé avec force joints?