#1 — On ne sait pas ce qu’on a avant de l’avoir perdu

Pour commencer ce calendrier de l’avent des samples en douceur et en beauté, qui mieux que celle qui traversa le millénaire en collaborant ou en inspirant des artistes aussi variés que Frank Sinatra, Leonard Cohen, Neil Young, Led Zeppelin, Crosby, Still Nash & Young, Dolly Parton, Joe Dassin, Seal, Prince, Charles Mingus, Keith Jarrett, George MichælBob Dylan, Jeff Buckley, Eurythmics, Slash, Björk, Jacob Collier, James Blake, Peter Gabriel, Manu Catché, Billy Idol, Roger Waters, Jaco Pastorius, Wayne Shorter, Herbie Hancock, Diana Krall, Brad Meldhau, Nana Mouskouri, Aphex Twin, Tori Amos ou Courtney Love?
Si vous n’avez aucune idée, courez regarder le documentaire consacré à Joni Mitchell:

Joni Mitchell était aussi connue pour utiliser une grande diversité d’accordage de guitare (plus d’une cinquantaine!). Son titre “Big yellow taxi”, qui alerte dès 1970 de la destruction écologique de la planète —soit deux ans avant le rapport Meadows, se joue sur une guitare accordée en EADGBE. So if you don’t know, now you know. 

Parmi les artistes inspirées par Mitchell absentes de la liste ci-dessus, il en est une qui utilisa à merveille un extrait de “Big Yellow Taxi” dans un titre sorti en septembre 1997 …

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Musigraphies / Pulsar 717

Gladys Brégeon, Fabienne Chemin, Pierre Gallais, Vincent Goudard,
Collectif Ligres : Jérémy Barrault, Laurent Flechier, Sabine Briffox.
Exposition du 20 septembre au 20 octobre 2024.
Inauguration le vendredi 20 septembre à 18h.
 
En résonance avec le festival Pulsar 717
Imaginaires sonores, musiques nouvelles et contemporaines.
concerts du 20 au 22 septembre 2024
voir le programme sur pulsar717.org
Hangar 717 [site]
717 rue du Thizy
69400 Gleizé
 
Snapshot from video 107724404×8 by Vincent Goudard.
Snapshot from video 107724404×8 by Vincent Goudard.
 

The Brain Orchestra – neural activity sonification

Neural activity data-sonification, with Sébastien Wolf of the ENS Institute of Biology.

Data sonification could be an effective tool for neuroscience research, complementing data visualization. Recent advances in brain imaging have made it possible to record the activity of tens of thousands of mammalian neurons simultaneously in real time. The spatial and temporal dynamics of neuron activation can be translated into sound triggering, according to the functional groups to which these neurons belong.

We have developed a software to load such datasets as binary matrices and translate them into MIDI messages, triggering notes whose velocity is a function of neuronal activity. In order to process this vast quantity of data — several tens of thousands of neurons over several tens of thousands of samples — the software enables neurons to be associated in sub-groups, such as those proposed in common atlases, or in an arbitrary manner. The same interface can also be used to sonify continuous data sets from electroencephalography (EEG) recordings of human brain activity.

This software, developed with Max, can be used as a stand-alone program, but can also be loaded directly as a plugin into the Ableton Live digital audio workstation. This makes it easy to get to grips with the software, enabling you to test different mappings between neural activity data and musical values: which chords, which harmonic progressions, which orchestration, etc. translate the neural activity data set in the most interesting way from the point of view of their scientific understanding and/or musical aesthetics.

Unravelling edges for ages

Running the Hungarian algorithm in Max to unravel graph edges. I hadn’t realized this was a non-trivial optimization problem when I started this thing.

[edit] It has proved useful for visualizing the activity of thousands of neurons, in the Brain Orchestra project.

Staccato – Musical sound streams vibrification

Vibrotactile transformation of musical audio streams

Vibrification, or the transformation of audio streams into tactile vibration streams, involves the development of transformation algorithms, in order to translate perceptible cues in the audible domain into vibratory cues in the tactile domain. Although auditory and tactile perceptions have similarities, and in particular share part of their sensitive frequency space, they differ in many respects. Consequently, the process of vibrating an audio signal requires a set of strategies for selecting the elements to be translated into vibrations. To this end, as part of the “Staccato” project, a set of free and open-source tools in the Max software have been developed:

  • a framework based on the “Model-View-Controller” (MVC) pattern to facilitate settings and experimentation
  • a set of algorithms, enabling adaptation to different types of vibrotactile transducers and leaving the choice between various vibrification strategies, adaptable according to the content of the audio signal and the user’s preferences.

This set of tools aims at easing the exploration of the vibrotactile modality for musical sound diffusion, supported by a recent boom in technical devices enabling its implementation.

The Staccato project was funded by the french National Research Agency (ANR-19-CE38-0008) and coordinated by Hugues Genevois from the Luthery-Acoustics-Music team at ∂’Alembert Institute- Sorbonne University.

Code is available on GitHub.

Reference

Vincent Goudard, Hugues Genevois. Transformation vibrotactile de signaux musicaux. Journées d’informatique musicale, Laboratoire PRISM; Association Francophone d’Informatique Musicale, May 2024, Marseille, France. [online]

#25 – Béni soit l’enfant

Et pour finir ce calendrier, “God Bless The Child” de Billie Holliday.

Them that’s got shall get / Them that’s not shall lose
So the bible said and it still is news
Mama may have, papa may have
But God bless the child that’s got his own, that’s got his own.
 
Celui qui a aura / Celui qui n’aura pas perdra
C’est ce que disait la Bible et c’est toujours d’actualité
Maman peut avoir, papa peut avoir
Mais Dieu bénisse l’enfant qui a le sien, qui a le sien.

Un art de l’ellipse pour ne pas directement parler de l’argent, dont Billie Holiday a cruellement manqué.

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#24 – a nature boy in the city life

En 1999, j’avais acheté ce CD “fear of fours” du duo anglais Lamb, un peu par hasard, parce que le titre et la pochette m’intriguaient (et parce qu’on faisait comme ça de mon temps avant l’internet et spotify, bande de jeunes). Un mélange de jazz, de sons électroniques, de cordes classiques et de jungle-break-beats qui reflètent vraiment un air du temps très “city life” —  les œuvres de  Steve Reich et de Goldie étant coïncidemment sorties toutes deux en 1995.

Au milieu du disque de Lamb, le titre “Ear Parcel” commence par un motif de cordes pizz, auquel répond un accord de vibraphone suspendu… et puis derrière, on entend le coassement de quelques grenouilles, la stridulation de grillons et d’autres bruits d’insectes nocturnes; un paysage sonore très cinématographique dont j’ai longtemps imaginé qu’il provenait d’un film…

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#23 – une goutte d’eau dans un océan de son

Il y a un sensation psychique singulière dans le fait de reconnaitre un sample au milieu d’un morceau. Il semble se détacher, comme s’il avait été rajouté et collé là, quand bien même on écouterait le morceau original dont il est extrait. On pourrait attribuer cette sensation à une réaction primaire et profondément ancrée de réconfort que procure la familiarité, mais il s’y ajoute une forme d’excitation de l’ailleurs. Car cette familiarité dévoile sous nos pieds une passerelle secrète entre un monde que nous connaissions déjà et un autre jusqu’alors inconnu, rempli de couleurs et de sons inouïs. Et quoi de plus grisant que de nouvelles couleurs ?

Je ne me souviens plus de la date à laquelle j’ai entendu pour la première fois ce morceau de Shelly Manne, mais je me souviens de cette sensation.  Il figure tout à la fin de l’album “Mannekind”, album de jazz progressif sorti en 1973, sur lequel Shelly Manne — batteur et chef d’orchestre au nombre impressionnant d’albums et de collaboration (dont Henry Mancini, dont nous parlions hier, mais aussi tant d’autres) — s’amuse à introduire quelques sons  exotiques: Berimbau et Cuíca brésiliens, woodblocks et autres flexatones… Un son particulier ressort sur le dernier morceaux intitulé “Infinity”, qui ressemble à une sorte de balafon avec une réverbération très colorée et un slap-delay, comme des gouttes d’eau tombant au fond d’une caverne.

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