22 — L’espace disque

En septembre 1996, DJ Shadow sort son premier album, “Endtroducing…”,  composé quasi-intégralement d’un savant mixage de vinyls. J’aurais tendance à dire que sa prouesse reste inégalée à ce jour. Et comme j’étais encore proche, à la sortie de cet album, de cette âge où toute découverte musicale prend une tournure sacrée, vous pourrez bien dire ce que vous vous voudrez, je ne vous écouterai pas.

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21 — Saxophones et dauphins

Another year and then you’d be happyJust one more year and then you’d be happy

J’ai découvert la vaporwave, comme nombre d’autres, en tombant sur ce morceau d’un certain “Chuck Person” et, pour une raison inconnue, ce son réminiscent des années 1980 m’a attrapé les tripes et en a fait un double nœud gordien, qui m’a fait réaliser qu’il était peut-être temps que je fasse une psychanalyse musicale, afin de pouvoir couper le cordon et me défaire des avis tranchés sur le kitsch de la décennie où je suis venu au monde.

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19 — Tirailleurs oubliés

Il y a quelques années, cette très chère amie Juliette nous met ce morceau de Philippe Léotard, “Ancien combattant” (1999), sur une petite compilation home-made comme on aime s’en échanger. Curieux morceau que je ne connaissais pas et curieux texte surtout. Philippe y règle possiblement des comptes avec son frère, François Léotard, qui venait justement de passer deux ans à la tête du ministère de la défense et des anciens combattants. Deux fils de bonne famille aux parcours un peu différents. Pendant que le François abusait des biens sociaux, c’est plutôt l’alcool et la coke dont abusait le Philippe, qui s’était déjà proposé comme “ministre de la défonce” sur la scène du printemps de Bourges, en plein mandat de son reuf : “Chacun son truc. Il vendra des missiles et moi des pétards.

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18 — Le court-bouillon de Liquid Liquid

Après Jamal, Nero et le Wu-Tang, restons encore un peu à New-York, dans ces années 1980 où se croisent et s’hybrident rock, punk, rap, no-wave et disco. Dans le bouillon de culture de la marmite new-yorkaise, quatre garçons dans le flot créent le groupe “Liquid Liquid”, parfois qualifié de “post-no-wave“, voire de “dance-punk” par la critique. C’est dire si les étiquettes accrochaient mal sur ces flacons en ébullition.

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17 — Qu’est ce qu’une jeunesse?

Parmi les 170 films dont Nino Rota composa la bande musicale, on compte un certain nombre de thèmes iconiques, le plus fameux étant sans doute l’air du Parrain. Il n’a pas encore réalisé ce colpo da maestro, quand il compose la musique de l’adaptation de Roméo et Juliette par Franco Zeffirelli en 1968, mais le thème des deux amoureux, intitulé “What is a youth?” et chanté par Glen Weston, trouvera un autre chemin pour traverser le temps et parvenir jusqu’à nos oreilles.

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16 — Le monde est à vendre

Le développement de l’aviation a drastiquement rétrécit la planète depuis le début du XXè siècle: il devient possible d’aller à l’autre bout du monde en quelques heures, quand il fallait des semaines, voire des mois, auparavant. Cette révolution des transports marque à la fois le début du tourisme international (avec des compagnies comme Thomas Cook, qui opéra de 1841 à 2001) et du business international. Un terrain de jeu enfin à la taille des mégalomanes, qui donne naissance à un slogan qui passera par toutes les agences de pub des compagnies aériennes: le monde est à vous.

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15 — Embrasser le soleil

Quelles que soient les matières qu’on lui confie, Neil Fraser, plus connu sous le nom de Mad Professor, les liquéfie en harmonies psychédéliques; les guitares les plus saturées s’évaporent en nuages de bulles et le mixage de ses échantillons entraine des réactions acido-basiques, caractérisées par l’apparition de couleurs exotiques et de fumées opaques à l’intérieur de ses Erlenmeyers. De quoi laisser l’auditeur dubitatif sur son propre état psychique.

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14 — Des punaises sous le sommier

Au début de l’été 1997, je me souviens d’une soirée chez un ami du lycée, avec qui j’avais quelques affinités musicales. Dans la chaleur nocturne de cette soirée estivale, on se lamentait de la récente mort de Jeff Buckley et nous consolions en écoutant OK Computer que Radiohead venait tout juste de sortir. Je dois à cet ami la découverte, ce soir là, de Keith Jarrett. Faut que je te fasse écouter un truc! me dit-il les yeux brillants, avant de poser le disque irisé du Köln Concert sur la chic et belle chaîne hifi Bang & Olufsen de ses parents. CD vertical et choc frontal, j’étais subjugué. 

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