15 — Embrasser le soleil

Quelque soit les matières qu’on lui confie, Neil Fraser, plus connu sous le nom de Mad Professor, les liquéfient en harmonies psychédéliques; les guitares les plus saturées s’évaporent en nuages de bulles et le mixage de ses échantillons entraine des réactions acido-basiques, caractérisées par l’apparition de couleurs exotiques et de fumées opaques à l’intérieur de ses Erlenmeyers. De quoi laisser l’auditeur dubitatif sur son propre état psychique.

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14 — Résonances en mezzo piano

Au début de l’été 1997, je me souviens d’une soirée chez un ami du lycée avec qui j’avais quelques affinités musicales. Dans la chaleur nocturne de cette soirée estivale, on se lamentait de la récente mort de Jeff Buckley et nous consolions en écoutant OK Computer que Radiohead venait tout juste de sortir. Je dois à cet ami la découverte, ce soir là, de Keith Jarrett. Faut que je te fasse écouter un truc! me dit-il les yeux brillants, avant de poser le disque irisé du Köln Concert sur la chic et belle chaîne hifi Bang & Olufsen de ses parents. CD vertical et choc frontal, j’étais subjugué. 

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12 — Des photons dans les oreilles

Après quelques EPs d’échauffement chez le label de Metalheadz de Goldie, l’anglais Rupert Parkes sort en 1997 son premier album sous le pseudo de Photek. Ce nom anguleux, qui pourrait être celui d’une marque de hi-fi japonaise des années 1980, reflète assez fidèlement la musique de son auteur: minimaliste, mathématique et photographique.

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11 — Amy et Tammy en bichromie

 

He walks away, the sun goes down
He takes the day, but I’m grown
And in your way, in this blue shade
My tears dry on their own

Les paroles d’Amy Winehouse, en équilibre précaire sur un fil tendu entre résilience et solitude, se drapent en deux couleurs: le monde extérieur, malgré son décor chamarré, est assombri d’un voile bleu, tandis que l’intérieur de sa chambre de motel est baignée de la lumière dorée du soleil tombant. Le feu intérieur et le froid du dehors, de l’or et des bleus.

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10 — Mœurs et musiques légères

Avec l’arrivée concomitante de l’enregistrement et de la radio-diffusion à la fin du XIXè siècle, la production musicale autant que sa réception ont été affectées profondément et irrémédiablement. En particulier, la musique devient un objet de consommation de masse, avec tout ce qu’on peut attendre d’un tel objet: qu’il soit pratique, peu encombrant et qu’il ne nécessite pas de mode d’emploi.

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09 — Who ya gonna call?

Tyler, the Creator met en scène une énième version de la romance téléphonique et de ses affres, et laisse un vocal qui fait suite à d’innombrables appels en absence avant lui, de Lionel qui dit bonjour, de Blondie qui veut qu’on la rappelle, d’Adèle qui dit bonjour, d’Aretha qui veut qu’on la rappelle, de Guy qui ne sait pas si on l’entend, de Carly qui veut qu’on la rappelle peut-être, de Claude dont le téléphone a des problèmes d’humidité ou encore de ce cher Stevie, qui avait juste appelé pour dire je t’aime. Il y a encore tellement de messages sur le répondeur qu’un certain J.P. Knight a très récemment publié un botin à ce sujet.

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08 — O virtus patientiae

Un jour de 1995, mon père m’avait demandé  si je voulais qu’il me ramène quelque chose des États-Unis où il partait pour son travail. Je lui avais dit que s’il trouvait “Pisces Iscariot“, un side-album des Smashing Pumpkins, cela m’éviterait de dépenser la somme déraisonnable d’un “import”, comme on disait à l’époque pour les CDs qui n’étaient pas bien distribués en France. Les disquaires vous vendaient ces objets à prix d’or, grâce à un petit autocollant “import US” collé sur la jaquette, qui attirait comme des mouches les chineurs impatients .

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06 — Charmeurs de serpents

Ce morceau de The Prodigy s’ouvre avec un accord wagnerien qui provient de la BO du film The Usual Suspect, sur lequel est appliqué un pitch-bend du plus mauvais goût et donc du meilleur effet, pour qui cherche à mettre un coup de pied dans la fourmilière des bonnes mœurs musicales. The Prodigy ne s’en tient d’ailleurs pas là, mais décide d’appeler son album “The Fat of The Land” en référence à une citation du dirigeant nazi Hermann Göring, reproduite dans le livret de l’album, et qui résonne de manière plutôt sinistre avec les propos actuels des dirigeants va-t-en-guerre de ce monde.

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